24 – Bergerac, Coopérative Agricole – CASERNE ET APPARTEMENT
2 – EXT. CASERNE DE GENDARMERIE MOBILE / COUR – JOUR
Les soeurs passent la grille de la caserne et pénètrent la grande cour en béton. L’imposant bâtiment de la gendarmerie se dresse devant elles. Elles longent plusieurs fourgons de gendarmerie où des gendarmes en uniforme se préparent à partir en patrouille.
3 – INT. IMMEUBLE CASERNE / ESCALIER – JOUR
Elles entrent dans un hall, de l’eau suinte du plafond et goutte dans des seaux posés par terre. Jeanne et Camille enjambent pour éviter les flaques. Elles remontent un long couloir aux portes toutes identiques. L’avant dernière est la leur.
4 – INT. APPARTEMENT CASERNE / CHAMBRE JEANNE – NUIT
Dans une chambre. Deux lits superposés, un poster de Princesse Mononoké n’arrivant pas tout à fait à dissimuler les traces d’humidité sur le mur. Camille est sur son lit, son ordinateur sur les genoux. Elle regarde la vidéo d’un concours de danse classique pour l’opéra de Paris. Sur l’écran: une ballerine en justaucorps enchaîne arabesques et pirouettes. (…)
5 – EXT. APPARTEMENT CASERNE / TERRASSE – JOUR
Sur une chaise en plastique, Jeanne fume une cigarette en regardant la vue sur la caserne : les toits en taule, le drapeau tricolore qui flotte sur le ciel rose du soir… Dans sa tête, le vrombissement lointain du van des surfeurs et le sourire radieux du garçon aux boucles blondes. Brusquement, des fourgons de gendarmerie rentrent en trombe dans la caserne et l’arrachent à sa rêverie. Elle lève les yeux, la lumière bleue des gyrophares l’éblouissent. (…)
6 – INT. APPARTEMENT CASERNE / CUISINE – NUIT
Lumière blafarde de la cuisine. Jeanne plonge une poignée de spaghettis dans l’eau bouillante d’une casserole.
Elle met le minuteur sur son portable. On entend la porte de l’entrée qui se referme, des pas lourds qui se rapprochent…
Son père – 48 ans – type ancien sportif aux cheveux poivre et sel, arrive à la porte. On reconnaît le CRS qui l’a saluée dans la cour.
Il attrape une bière fraîche dans le frigidaire et se laisse tomber sur une chaise, son dos courbé par la fatigue.
LE PÈRE
Je suis cuit. (…)
7 – INT APPARTEMENT / COULOIR – AUBE
Lumière bleutée de l’aube.
Les pieds nus de Jeanne et de Camille remontent le lino du couloir.
8 – INT. APPARTEMENT CASERNE / SALON – AUBE
Elles traversent le salon: leur père torse nu, ronfle sur le canapé comme une baleine échouée. Sur la table basse, des bouteilles de bières vides à coté d’un cendrier rempli de mégots. (…)
9 – EXT. CASERNE / COUR – AUBE
L’aube se lève sur la caserne, le ciel se colore en violet.
Jeanne, sac à dos sur les épaules, et Camille, planche de skateboard sous le bras, arrivent devant la grille.
Le gendarme dans la guérite lève la tête.
Jeanne et Camille le saluent. Il les salue en retour et actionne la grille qui s’ouvre devant elles.
23 – EXT. CASERNE DE GENDARMERIE / COUR – NUIT
Les soeurs traversent la cour de béton, silencieuses. Chacune dans son monde.
24 – INT. IMMEUBLE CASERNE/ PALIER – NUIT
Le long couloir. Jeanne et Camille arrivent devant leur porte, elle n’ont pas le temps de frapper que le père ouvre. Il dévisage ses filles avec autorité. Camille entre comme une ombre dans l’appartement. Jeanne reste sur le seuil, le regard baissé sur ses baskets et le sable collé à ses chevilles. Brusquement, les sirènes de gendarmeries résonnent dans son dos. Elle relève la tête et dans un même élan, vient se serrer contre la poitrine de son père. L’éclair argenté de la bague de la surfeuse brille à son doigt.